Brevex, ou le Mauser...Français !
Un lecteur attentif me signale, au vu de l’article du 5 octobre 2015 (98 K du Mauser militaire au civil) qu’on a assez peu parlé des Mauser « français » qui furent fabriqués à Suresnes, en région parisienne, après-guerre. Dans la foulée des Brno et CZ dont nous venons de parler, qui firent et font encore des boitiers « longs » pour les calibres « africains », il n’est donc pas inutile de revenir sur les mythiques boitiers Brevex, rares et chers, qui font le miel des forums carabiniers actuellement.
Pour comprendre, il faut revenir à une époque, celle de l’immédiat après-guerre où l’usine Mauser d’Oberndorf fut démantelée, ses machines déménagées ou récupérées par l’occupant (Français en l’occurrence pour la Bavière) au titre des dommages de guerre. Dès 1946, l’ingénieur Polonsky établi aux ateliers Brevex de Suresnes répara et fabriqua jusqu’en 1965 des « réglementaires » de substitution à base de 98 K, mais aussi toutes sortes d’autres modèles (Garand US, etc.) avant que nos arsenaux diffusent en masse la production nationale (49-51, etc…). C’était l’époque de nos guerres « coloniales » qui ne disaient pas encore vraiment leur nom (Indochine, Algérie), et où il fallait vraiment pour les « corps expéditionnaires », faire feu de tout bois. C’est à ce moment que Brevex reprit des « actions longues » ou boitiers magnum pour calibres africains qui existaient au départ pour le civil chez Mauser (et que la célèbre firme a repris depuis peu).
Mais à ce moment, disons la période 1945-1955 c’étaient les seules actions de ce type Magnum (1) disponibles dans le commerce au moment où reprenait la chasse africaine. 5000 exemplaires environ furent produits, vers les USA, mais aussi au compte- gouttes en France vers des armuriers notamment parisiens pour des armes chères car nécessitant pas mal de travail derrière. A l’heure actuelle, ces boitiers ont gardé une certaine aura qui les place au niveau de ce que font les artisans allemands Pretch, Ritterbach (avec des boitiers fabriqués en Italie), Johannssen (boitiers des pays de l’Est) ou encore la FN belge et Dumoulin sur certaines de ces remarquables, mais chères carabines artisanales. Certains de nos armuriers nationaux (Dorléac dans le Midi), Jeannot à Paris, travaillent encore dessus, à la manière de ce que fait Eric Briano par exemple sur des boitiers d’origine tchèque CZ. Au début des années 2000, Armes Bastille à Paris qui avait même repris le brevet proposait pour la plupart des calibres africains, et même pour le 12,7X57 Anthis
(2) des armes à 7500 euros, sans l’optique bien sûr.
Paradoxes de l’Internet, en se promenant sur les sites US d’occasion où les boitiers Brevex ont gardé une aura mythique, on trouve des armes originales magnifiques entre 10 et 14 000 euros quand, tout près de chez nous à Paris, un grand commissaire-priseur offrait tout dernièrement six boitiers à 1200 euros…qui partirent à 600 ! S’il vous en passe un sous le nez, vu les puissances développées
(3), ne vous avisez pas trop de bricoler, et laissez ça aux pros !
1/ L’ensemble boitier-verrou du Mauser est un des plus solide qui soit pour une arme à répétition, mais il était inadapté pour chambrer, au dessus du 458 WM, les grands calibres africains : 416 Nitro, 416 Rigby, 500 Jeffery, 505 Gibbs.
2/ Sur une douille de 460 Weatherby, que l’on raccourcissait, on élargissait pour loger la balle standard du calibre 50, oui, celui de la fameuse 12,7 qui équipait les mitrailleuses américaines des forteresses volantes ! La balle fait 650 grains soit plus de 40 grammes, vole à 700 m/sec, tape à 8000 joules soit six fois plus de ce qui est demandé pour un bon chevreuil, et vaut 6 euros pièce !
3/ Popularisé par le grand écrivain américain et immense chasseur Hemingway, le 505 Gibbs fut inventé en 1903 pour l’Afrique par un armurier de Bristol justement pour les boitiers longs des carabines Mauser. Ce n’est pas une balle très rapide (autour de 600 m/s) mais lourde (525 grains ou 34 grammes), avec une grosse énergie autour de 6-8000 joules à 100 m. Donc susceptible de tout arrêter, notamment les gros animaux dangereux qui chargent.
Un lecteur attentif me signale, au vu de l’article du 5 octobre 2015 (98 K du Mauser militaire au civil) qu’on a assez peu parlé des Mauser « français » qui furent fabriqués à Suresnes, en région parisienne, après-guerre. Dans la foulée des Brno et CZ...
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